Conseils indépendants

Au fil des ans, la question du rôle et de la valeur des conseillers financiers a fait l'objet de nombreuses études, qui ont souvent produit des résultats mitigés. Alors que l'industrie financière tend à offrir une perspective plus positive, les recherches académiques sont souvent plus critiques. Cependant, avec la visibilité accrue des honoraires des conseillers, imposée par les régulateurs, et la mise en avant des facteurs gamma par rapport aux indices alpha et bêta habituels, la perception de la profession de conseiller financier s'est récemment améliorée.

Un rapport de l'Institut des fonds d'investissement du Canada révèle qu'en moyenne, les investisseurs qui travaillent avec des conseillers financiers ont près de trois fois plus de valeur nette et quatre fois plus d'actifs investissables que ceux qui n'en ont pas. Cette tendance se vérifie dans tous les groupes d'âge et de revenu. De plus, 61 % des investisseurs conseillés sont tout à fait d'accord pour dire que leur conseiller a eu un impact positif sur la valeur de leurs investissements et de leurs rendements.

Une analyse économétrique des données d'une enquête canadienne réalisée en 2009-2010 a montré que les ménages ayant un conseiller financier augmentaient considérablement la valeur de leurs actifs par rapport à des ménages comparables sans conseiller. Deux facteurs principaux expliquent cet effet positif : les conseillers financiers favorisent l'augmentation du taux d'épargne des ménages et les aident à adopter un comportement plus discipliné lors des baisses importantes du marché boursier.

Cette étude a été largement diffusée dans les médias, présentée lors de nombreuses conférences, et publiée dans une revue académique (voir Montmarquette & Viennot-Briot, 2015). Une enquête canadienne ultérieure, menée en 2013-2014, a confirmé ces résultats tout en répondant à la question de causalité : le patrimoine attire-t-il les conseillers ou les conseillers contribuent-ils à la croissance du patrimoine ? Comme dans l'étude précédente, la discipline imposée par les conseillers et l'augmentation du taux d'épargne étaient les principaux facteurs qui augmentaient la valeur des actifs par rapport aux ménages sans conseiller. De plus, en se concentrant sur un sous-ensemble de répondants des deux enquêtes, nous avons constaté que les ménages ayant conservé leur conseiller entre 2010 et 2014 ont vu la valeur de leurs actifs augmenter de 16,4 %, contre seulement 1,7 % pour ceux ayant abandonné leur conseiller. Cela montre que la valeur des conseils financiers va bien au-delà des mesures traditionnelles alpha et bêta, comme le montrent les résultats de Montmarquette & Viennot-Briot (2019).

Dans ces études, nous avons reconnu une limite potentielle dans l'estimation de l'ampleur de l'effet d'un conseiller financier, en particulier concernant l'absence de mesures sur la propension des ménages à épargner et à investir. Une troisième enquête menée en 2017-2018 a permis de valider à nouveau ces résultats dans un contexte économique et financier différent. De nouvelles questions ont permis de mieux comprendre la volonté intrinsèque des répondants d'investir, avec ou sans l'aide d'un conseiller, ce qui a permis de corriger tout biais potentiel des études précédentes.

Plusieurs thèmes innovants ont été explorés concernant l'impact des conseillers financiers :

  1. Les déterminants du choix d'un type spécifique de conseiller et l'impact différentiel sur le patrimoine en fonction du type de conseil (conseiller bancaire, courtier, conseiller indépendant, conseiller automatisé, etc.).
  2. L'influence du niveau de revenu sur le choix de travailler avec un conseiller financier et l'impact sur la valeur des actifs.
  3. L'effet d'un conseiller financier varie-t-il selon le niveau de richesse initial ?
  4. Comment l'implication ou l'absence d'un conseiller a-t-elle influencé la valeur des actifs des ménages entre 2014 et 2018, selon les résultats de l'enquête ?
  5. La transparence accrue des frais (CRM2 - régulation du modèle de relation client) a-t-elle influencé l'utilisation des conseillers financiers ?

Nous renvoyons les lecteurs à nos études précédentes pour une revue complète de la littérature sur l'impact des conseillers financiers. Des références supplémentaires seront ajoutées à mesure que cette étude progresse.

Ces thèmes doivent être considérés comme des contributions innovantes à la littérature sur le conseil financier, à l'image du principe de survie introduit dans notre deuxième étude.

Après l'introduction, la section 2 aborde les résultats de l'enquête de 2018, examinant les déterminants du recours à un conseiller financier et l'impact sur la valeur des actifs. La section 3 réexamine cette analyse par type de conseiller, tandis que la section 4 explore l'impact du niveau de revenu. La section 5 analyse l'effet de la richesse initiale au moment du début de la relation avec un conseiller. Dans la section 6, nous revenons sur le principe de survie en examinant le comportement d'investissement des ménages entre 2014 et 2018. Enfin, la section 7 s'intéresse à l'impact de la transparence accrue des frais sur l'utilisation des conseillers financiers. La section 8 présente nos conclusions.

En résumé, les ménages de tous niveaux de revenus bénéficient de l'aide d'un conseiller financier, avec des impacts qui varient en fonction des contextes économiques et financiers. Les facteurs gamma continuent de jouer un rôle clé.